Lancée pour Halloween sur Netflix, Le Cabinet des curiosités de Guillermo del Toro consiste en une anthologie de 8 épisodes horrifiques dans la grande tradition de Creepshow ou des Contes de la Crypte.
Grand amateur de fantastique, Guillermo del Toro a décidé de quitter un temps son poste de réalisateur pour donner la parole à huit de ses confrères. Huit metteurs en scène aux commandes de huit histoires tour à tour franchement horribles, gore ou plus mélancoliques pour une série recommandable en tous points.
Bienvenue dans l’antre du maître
Si Guillermo del Toro présente tous les épisodes lors d’une courte introduction, et qu’il en a écrit deux d’entre-eux, qui figurent d’ailleurs parmi les meilleurs, il n’a pas souhaité en réaliser. Sa démarche se rapprochant ainsi de celle d’Alfred Hitchock qui jadis, se faisait le chef d’orchestre de sa propre anthologie intitulée Alfred Hitchcok présente.
Ceci étant dit, petit passage en revue des épisodes en question :
Lot 36 (Guillermo Navarre)
De quoi ça parle ?
Un homme rachète des box abandonnés par leurs propriétaires pour ensuite revendre le contenu. Un jour, il tombe sur des objets pour le moins étranges et découvre que le box en question cache un lourd secret…
Qu’est-ce que ça vaut ?
Plutôt lent dans son déroulé, cet épisode introduit bien la série grâce à son ambiance inquiétante. Malheureusement, la sauce met un peu trop de temps à prendre et malgré sa conclusion aussi effrayante que satisfaisante, force est de reconnaître que l’épisode reste un peu frustrant.
Rats de cimetière (Vicenzo Natali)
De quoi ça parle ?
Un pilleur de tombes se retrouve aux prises avec des légions de rats dans les souterrains d’un cimetière…
Qu’est-ce que ça vaut ?
Très « old school », cet épisode est aussi horrible que propice à la claustrophobie. Avec son gigantesque rat, ses squelettes et son ton plutôt fantasque, Rats de cimetière coche toutes les cases.
L’autopsie (David Prieur)
De quoi ça parle ?
Un médecin légiste pratique une autopsie sur un corps visiblement infecté par un parasite extraterrestre…
Qu’est-ce que ça vaut ?
Porté par performance incarnée de F. Murray Abraham, cet épisode fait partie des meilleurs de cette première saison. Aussi original qu’inquiétant, il instaure une ambiance palpable et fait montre d’une efficacité permanente, tout en se montrant très gore.
L’extérieur (Ana Lily Amirpour)
De quoi ça parle ?
Une jeune femme mal dans sa peau découvre l’étonnant pouvoir d’une crème de beauté censée gommer tous les défauts.
Qu’est-ce que ça vaut ?
Avec sa tonalité étrange, cette histoire interpelle dès le début, au risque de dérouter. Quand elle verse franchement dans l’horreur, le malaise est palpable. Intelligent dans sa manière de questionner les diktats de la beauté et le pouvoir des médias sur les populaces, cet épisode sait se faire pertinent. Une nouvelle preuve que l’horreur, quand elle est bien faite, peut aussi aborder des thématiques importantes.
Modèle de Pickman (Keith Thomas)
De quoi ça parle ?
Un peintre se lie d’amitié avec un mystérieux artiste dont les toiles semblent contenir un sombre pouvoir…
Qu’est-ce que ça vaut ?
Adaptation d’un texte de HP Lovecraft, cet épisode est probablement le plus réussi de tous. Inquiétant, visuellement superbe, il convoque des monstres cauchemardesques dont il organise l’entrée dans notre monde. La performance de Crispin Glover (Retour vers le Futur) étant à elle seule glaçante.
Rêves dans la maison de la sorcière (Catherine Hardwicke)
De quoi ça parle ?
Un homme n’arrive pas à se remettre de la mort de sa sœur. Des années après la tragédie, il ne peut se résoudre à accepter de l’avoir perdue et se met en tête de la retrouver dans le royaume des morts…
Qu’est-ce que ça vaut ?
Une nouvelle adaptation de HP Lovecraft. Portée par Rupert Grint, le Ron d’Harry Potter, cette histoire est marquée par une puissante mélancolie, mais introduit aussi très habilement quelques éléments horrifiques. Une réussite également.
Le visionnage (Panos Cosmatos)
De quoi ça parle ?
Plusieurs personnes sont convoquées chez un collectionneur fantasque afin de découvrir un mystérieux artefact…
Qu’est-ce que ça vaut ?
La réalisation de Panos Cosmatos (Mandy) interpelle mais c’est bien tout tant cet épisode brille surtout par son rythme lénifiant et son maniérisme. Certes la fin rattrape un peu le tout mais cela ne suffit pas à éviter au récit de s’enliser dans ses propres prétentions.
Le murmure (Jennifer Kent)
De quoi ça parle ?
Un couple se réfugie dans une maison abandonnée afin d’observer les danses des oiseaux dans le ciel, tout en faisant le deuil de son enfant récemment disparu…
Qu’est-ce que ça vaut ?
La série se termine sur un épisode très réussi, mélancolique et sombre. Une sorte de conte crépusculaire sur le deuil et le pouvoir de l’amour, teinté de fantastique et d’horreur, porté par les performances habitées d’Essie Davis et d’Andrew Lincoln (Rick Grimes dans The Walking Dead).