Lancée en février 2015, la série Better Call Saul s’est depuis le début appuyée sur son aînée, l’illustre Breaking Bad, dont elle est le spin-off, en racontant l’histoire de Saul Goodman, l’avocat véreux de Walter White et Jessie Pinkman.
Un personnage déjà fascinant, que les showrunners Peter Gould et Vince Gilligan ont porté à un tout autre niveau. Au point de faire de sa série une œuvre finalement encore plus fascinante et complexe que Breaking Bad.
Quand le spin-off dépasse l’œuvre mère
Certaines voix se sont élevées dès les premières saisons de Better Call Saul, susurrant à qui voulait l’entendre que la série avait tout pour surpasser Breaking Bad. Breaking Bad, à juste titre considérée comme l’un des shows les plus mémorables de ces 20 dernières années, avait certes posé les fondations du personnage de Saul Goodman, mais Better Call Saul a en effet réussi à aller plus loin. Car maintenant que Saul a tiré sa révérence, au terme d’une sixième saison en tous points admirable, on peut bel et bien l’affirmer haut et fort : Better Call Saul a surpassé Breaking Bad. Voici pourquoi en 4 raisons !
1 – L’évolution de Saul est plus subtile que celle de Walter White
Dans Breaking Bad, Walter White, un gentil professeur de chimie, se transforme en fabriquant de méthamphétamine pour subvenir aux besoins de sa famille lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’une grave maladie. Très rapidement, peut-être pour d’emblée faire honneur au titre de la série (« breaking bad » signifiant « tourner mal »), le personnage passe du côté obscur de la force. Il ne faut pas attendre longtemps pour le voir adopter une attitude proche de celle d’un véritable gangster. Du côté de Saul Goodman c’est différent car le scénario prend vraiment le temps de poser des fondations solides pour peu à peu, saison après saison, opérer la métamorphose du personnage. Saul qui, jusqu’au bout néanmoins, affiche des remords et autres états d’âme plus prononcés que chez Walter White. Ainsi, il apparaît vite comme plus réaliste et plus nuancé.
2 – Une mise en scène encore plus incroyable
Cela s’explique certainement par le fait que Better Call Saul a bénéficié d’un surplus d’expérience de Peter Gould et Vince Gilligan, les deux patrons en charge de la série. Sachant aussi que dès le départ Breaking Bad avait placé la barre à un niveau déjà stratosphérique. Mais oui, la mise en scène est complètement folle et d’une inventivité inouïe dans Better Call Saul. Il n’y a qu’à voir ces scènes miroirs, qui se répondent l’une l’autre au fil des six saisons, ou encore ces points de vue originaux et audacieux, pour s’en convaincre.
3 – L’histoire tentaculaire
Quand il a commencé à écrire Breaking Bad, Vince Gilligan est parti d’une page blanche. Pour Better Call Saul, le showrunner a dû trouver un moyen pour à la fois raconter les origines de Saul Goodman, de son vrai nom Jimmy McGill, mais aussi narrer son présent, après les événements de Breaking Bad, tout en épaississant les histoires propres à des personnages finalement pas si secondaires. On pense ici à Kim Wexler, à Mike ou encore à Lalo, l’un des méchants les plus terrifiants de toute l’histoire de la télévision. Tentaculaire, le scénario de Better Call Saul fait preuve d’une virtuosité et d’une cohérence absolument démentes quand celui de Breaking Bad, remarquable lui aussi, apparaît maintenant comme plus linéaire.
4 – Le côté moins sensationnel
Beaucoup de fans de Breaking Bad ont souligné que celle-ci était plus tournée vers l’action. C’est vrai. Après tout, Walter White évolue dès le départ dans un milieu violent et côtoie des personnages capables du pire. Saul Goodman, lui, ne fréquente que des avocats et des petits arnaqueurs. Ce n’est que plus tard, alors qu’il comprend que son diplôme de droit peut lui ouvrir des portes dérobées, qu’il se met à creuser dans la mauvaise direction, devenant lui-même peu à peu gangrené par une noirceur galopante. Ainsi, Better Call Saul, sur ce plan aussi, joue sur un registre plus nuancé. Attention néanmoins car le fait que le personnage de Mike, également présent dans Breaking Bad, soit de la partie, encourage les showrunners de Better Call Saul à régulièrement proposer des séquences très tendues.